Protéger ses enfants de tous les dangers extérieurs qui viennent de l’école, internet, la télévision… la tentation est grande. Mais tomber dans l’excès de la surprotection peut avoir des effets nuisibles à l’enfant.
Il est bien normal en tant que parent d’offrir un espace de sécurité à nos enfants. Cela fait partie de notre rôle de les protéger. Mais comment trouver le juste milieu ?
Protéger sans couper nos enfants des autres et du monde ?
Aujourd’hui, le danger du monde extérieur n’est plus seulement géographique, il ne se situe plus seulement dans la rue ou à l’école. La difficulté que nous avons dans notre monde moderne, c’est que nous sommes ‘infiltrés’ ( !) dans nos maisons avec les nouvelles technologies. Nous avons de la peine à contenir et à contrôler tout ce qui rentre et sort…
Nous savons qu’internet est une vraie mine d’or, mais il peut se révéler nocif par certaines images qu’il véhicule par exemple. Cela peut être aussi un vrai aspirateur de temps… Les réseaux sociaux sont le lieu d’échanges amicaux mais aussi de harcèlement. Les écrans divers sont peut-être divertissants, mais provoquent des effets secondaires graves s’ils sont ‘consommés’ à haute dose. Les téléphones portables sont bien pratiques pour communiquer avec nos enfants, mais on peut tout faire avec un téléphone… Aller sur internet, ‘chatter’ pendant des heures sur les réseaux, regarder des vidéos…
Et bien sûr, nos enfants adorent ça et ne savent pas s’arrêter tous seuls ! Donc si nous voulons exercer un peu de contrôle dans ce domaine, nous passons pour des rabats joie, pour des parents qui ne comprennent rien à la modernité, pour des ‘has been’…
Je crois que dans ce domaine, la voie du juste milieu est salvatrice.
Si nous mettons des règles draconiennes pour contrôler les écrans…
Si nous supprimons tout ou recourrons à des règles draconiennes, cela risque de mettre nos enfants en gros décalage avec leurs semblables. Ils seront mis de côté, isolés, moqués…
Et surtout, ils enregistrent, le message subliminal des parents : ‘le monde extérieur est dangereux’. Ils sentent avant tout la peur des parents qui se sentent faibles face au danger. Quand on se sent faible, on use de sa force pour imposer. Donc en plus d’enregistrer (de façon plus ou moins inconsciente) la peur des parents, ils sentent leur faiblesse et leur manque de confiance dans la vie. Ce n’est pas le message qu’on souhaite communiquer à nos enfants, n’est-ce pas ?
Et puis, il peut arriver dans ce cas, (quand les interdictions massives font loi) que les enfants, sentant que le sujet est un peu tabou, n’osent pas aborder le sujet avec les parents. Si les enfants n’en parlent pas, cela ne veut pas dire que cela leur passe au-dessus, et qu’ils ne se sentent pas concernés par le sujet. Comme pour la sexualité, si l’enfant sent que le parent est gêné d’en parler, il peut éviter d’en aborder le sujet. Certains parents croient alors et se rassurent en pensant, que leurs enfants ne sont pas encore mûrs pour en parler, que cela n’est pas encore leur préoccupation… Ce n’est pas sûr du tout !… Donc des enfants qui donnent l’impression de rentrer dans le rang bien sagement, qui ne contestent pas ou très peu ces règles, peuvent parfois bien cacher leur jeu et être tentés de faire les choses en douce, sans que les parents soient au courant… C’est de bonne guerre, mais avec le monde des écrans à leur portée, c’est plus embêtant ! Et cela peut faire des dégâts, ce que justement, nous cherchons à éviter bien sûr !
Et puis aussi, il y a le cas de figure où les enfants sont tout simplement révoltés, énervés, agités par trop de limitations autoritaires. Cela bout intérieurement ou extérieurement…
Donc mettre des règles trop rigides avec peu d’explications à la clef, c’est la porte ouverte aux excès : Soit des enfants un peu étouffés mis de côté par les autres, soit des enfants qui trouvent par eux-mêmes des moyens de ‘gruger’ mais sans garde-fous…, soit des enfants énervés et agités…
Si nous optons pour le laisser faire…
Au contraire, si nous versons dans l’excès inverse, c’est-à-dire dans un laissé faire total, par manque d’énergie, ou parce que la partie est perdue d’avance, ce n’est guère mieux pour nos enfants.
Sans limites, ils ne peuvent se confronter et se définir. Ils peuvent se sentir abandonnés dans une spirale qu’ils n’arrivent pas à arrêter eux-mêmes. C’est donc la porte ouverte aux dangers et excès. L’insécurité est présente et abîme. Ils poussent alors un peu comme des herbes folles… C’est un peu la loterie, cela peut aller, comme cela peut virer à la catastrophe… N’ont-ils pas besoin d’enregistrer qu’ils méritent qu’on les protège ou qu’on leur apprenne à se respecter, qu’ils sont autonomes mais pas seuls… ?
Manque de communication et de confiance
Dans ces deux cas extrêmes, on peut noter une chose commune : un manque de communication fluide et de confiance. L’un ne va pas sans l’autre d’ailleurs.
Quand la communication est profonde, réelle, avec cœur, tout passe. Il est alors possible de rentrer dans une vraie discussion avec l’enfant dans une confiance mutuelle. Et il est alors possible d’instaurer des règles intelligentes, mesurées, modulables, qui conviennent à chacun.
En tant que parent, il ne faut pas avoir peur d’aborder les sujets, même ceux avec lesquels nous ne sommes pas à l’aise. Je dirais même plus, surtout ceux avec lesquels nous avons des réticences ! Car en évitant de parler de certaines de nos peurs d’adultes, nous créons alors des tabous. Nous ne sommes pas confortables et n’osons pas avouer à nos enfants nos doutes et nos inquiétudes, pensant que nous allons nous décrédibiliser vis-à-vis d’eux et donc perdre notre pouvoir, notre respect, notre place. Or c’est tout le contraire qui se passe quand courageusement, nous nous mettons sur cette voie du cœur, de la clarté, de la communication fluide.
Donc n’ayons pas peur de parler avec nos enfants. N’ayons pas peur de nous tromper, de faire des essais, de faire des réajustements. Ce sujet ne se règle pas en une fois. On ne trouve pas une solution unique et ‘on n’en parle plus’. Il s’agit de rester en communication permanente et fluide avec nos enfants et donc de s’adapter à chaque instant.